La valise en carton

Symbole de voyage et d’exil.

Valise en carton devant un coucher ou lever de soleil à l'horizon.

Histoire

La valise en carton, objet humble et éphémère, a traversé les époques comme un témoin silencieux des grandes migrations et des parcours individuels. Simple, légère et bon marché, elle a longtemps accompagné les voyageurs modestes, les exilés et les travailleurs en quête d’un avenir meilleur. Son histoire est indissociable de celle des grandes mutations sociales et économiques des XIXe et XXe siècles.

Les origines de
la valise en carton

Avant l’essor des valises modernes, les voyageurs utilisaient des coffres en bois ou en cuir, souvent lourds et coûteux. À partir du XIXe siècle, avec l’industrialisation et le développement des moyens de transport (chemins de fer, bateaux à vapeur), la nécessité de bagages plus légers et accessibles s’est imposée.

Le carton pressé, un matériau économique et facile à produire, a rapidement séduit les fabricants. Recouvert d’une fine couche de papier ou de tissu pour le renforcer, il a permis la conception de valises à moindre coût. Ces bagages étaient souvent munis de poignées en cuir ou en métal et de fermetures rudimentaires, les rendant pratiques mais peu résistants à l’usure.

Un objet emblématique
des migrations

Dès la fin du XIXe siècle, la valise en carton devient le compagnon des travailleurs migrants. En Europe, de nombreux ruraux quittent leurs campagnes pour les grandes villes ou partent tenter leur chance à l’étranger. En France, l’image des Auvergnats de Paris ou des ouvriers italiens arrivant avec leur valise en carton est restée gravée dans la mémoire collective. De même, aux États-Unis, c’est à Ellis Island (New York) que la majorité des immigrants débarquent avec leurs bagages, incarnant la quête du rêve américain.

Au XXe siècle, après les guerres mondiales, les vagues d’émigration s’intensifient. Les réfugiés, les déportés et les travailleurs expatriés portent souvent avec eux une simple valise en carton, contenant le peu de biens qu’ils peuvent emporter. Dans les années 1950-1960, les travailleurs algériens, espagnols ou portugais venus en France étaient fréquemment représentés avec cet humble bagage, devenu un symbole de précarité mais aussi d’espoir.

La valise en carton
dans la culture populaire

Cet objet modeste a marqué les esprits au point de devenir un élément récurrent dans la culture populaire. Dans la chanson française, elle est associée aux récits de l’exil et de la nostalgie. Linda de Suza, chanteuse d’origine portugaise, fait partie des artistes les plus emblématiques avec la chanson Dans ma valise en carton (1986), inspirée de son récit autobiographique La Valise en carton (1984) dans lequel elle raconte son exil et son parcours difficile avant de connaître le succès.

Au cinéma et en littérature, la valise en carton incarne souvent la condition des migrants et des déracinés. Elle est un symbole de départ, d’incertitude et d’attachement à un passé que l’on laisse derrière soi.

Valises anciennes empilées
© Freepik.

La disparition progressive
d’un objet du quotidien

Avec l’amélioration des matériaux et la démocratisation des bagages en plastique, en nylon ou en cuir synthétique, la valise en carton a peu à peu disparu du paysage. Elle est aujourd’hui un objet de collection ou un accessoire de décoration au charme vintage.

Néanmoins, elle demeure un puissant symbole de mémoire collective. Dans les musées et expositions sur l’immigration, elle est souvent mise en avant pour rappeler les parcours de ceux qui ont voyagé avec peu, mais avec la volonté d’un avenir meilleur.


Bien plus qu’un simple accessoire de voyage, la valise en carton porte en elle les espoirs et les épreuves de générations entières. Si elle n’existe presque plus dans notre quotidien, son image continue de résonner comme un témoin des migrations et des bouleversements sociaux du siècle dernier.

Couverture © STF Design / Adobe Stock.
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